A :. L :. D :.
G :. A :. D :. L’ :. U :.
La Chaîne d'Union
Table des matières
Introduction
Définition du mot symbole
Histoire et symbolique de la Chaîne
d’Union
La Bordure Dentelée
La Corde à Nœuds ou Houppe Dentelée
La Chaîne d’Union, symbole de Fraternité
Depuis
que je suis parmi vous et avec la lumière que je perçois et qui graduellement augmente
d’intensité, je vous remercie. Vous tous mes Dignes et Bien-aimés Frères, pour
la chaleur de vos sentiments et pour votre connaissance avec laquelle vous
incitez vos nouveaux Frères à trouver leur voie. La chaleur et la connaissance
sont l’une et l'autre des caractéristiques de la Lumière, Lumière que je suis
venu chercher en Loge.
Mon
thème de travail est aujourd’hui le symbole de la Chaîne d’Union.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un symbole?
Le Larousse 2004, nous donne cette définition du mot
symbole : mot d’origine grecque sumbolon, qui veut dire : signe
figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image,
l’attribut, l’emblème. Le drapeau, symbole de la patrie. La balance, symbole
de la justice. Cette définition me semble succincte et peu appropriée au
cadre maçonnique qui implique une certaine profondeur. Aussi, la définition
trouvée dans le livre, «Nouveau vocabulaire de la dissertation et des études
littéraires » de Henri Bénac, me semble plus pointue et a l’avantage de me
donner de nouvelles clés, de nouvelles portes à ouvrir afin d’y explorer ce qui
s’y cache. Je vous en donne sa définition : en grec, « signe de
reconnaissance » formé par les deux moitiés d’un objet qu’on approche. Nous
trouvons la confirmation de cette définition dans un thème d’étude « le
langage des symboles » : Le sens étymologique du mot symbole veut dire
réunir deux parties séparées. La possession de chacune des deux parties par
deux individus différents leur permet de se rejoindre et de se reconnaître.
Il semble qu’historiquement cette définition nous vient d’Isidore de
Séville (Carthagène v. 530 – Séville 636) qui a écrit les « Etymologies
» auxquelles les auteurs et les imagiers du Moyen Age ont volontiers fait
recours. Isidore de Séville, interprète l’étymologie grecque du mot symbole, le
saisit comme un signe donnant accès à la connaissance. En grec le mot sumbolon
désigne aussi la tessère, autrement dit la tablette dont la moitié était donnée
aux hôtes afin de pouvoir les reconnaître. Les villes l’employaient avec les
visiteurs et les premiers chrétiens s’en servaient également comme signe de
ralliement. Le philosophe phénicien Jamblique (Anjar, Liban v. 250-330) définit
le symbole en montrant qu’il présente un signe, et que ce signe établit un
rapport. Il spécifie encore que ce terme désigne une convention secrète chez
les Pythagoriciens.
A
partir de mes recherches et de mes lectures, je peux tenter de présenter la
synthèse suivante : le symbole se présente comme un signe. Il est le signe de
l’invisible, du spirituel, du lointain. Le symbole révèle le mystère tout en le
protégeant du regard indiscret. Il a aussi pour fonction de créer une symbiose
entre le spirituel et l’humain et de relier le haut et le bas, le macrocosme et
le microcosme.
Histoire et Symbolique de la Chaîne
d’Union
La
première description maçonnique de la chaîne d’union semble apparaître en 1696
dans ces lignes du Manuscrit des archives d’Edimbourg:
«Mais
pour (être) un maître maçon ou compagnon du métier, il y a plus à faire, et
c’est ce qui suit. Tout d’abord tous les apprentis doivent être conduits hors
de la compagnie, et il ne doit rester que des maîtres... Alors les maçons se
murmurent l’un à l’autre le mot en commençant par le plus jeune... après quoi
le nouveau maçon doit prendre la posture dans laquelle il doit recevoir le
mot... Alors le maître lui donne le mot et il lui serre la main à la manière
des maçons, et c’est tout ce qu’il y a à faire pour faire de lui un parfait
maçon»
Le
petit dictionnaire à l’usage de l’Apprenti, définit la Chaîne d’Union comme
« le symbole de l’union fraternelle des F.M. : Elle se forme à la
clôture des travaux. On peut se déganter pour la former et elle peut être
courte ou longue ».
Bien
évidemment, la Chaîne d’Union, qu’on trouve d’ailleurs évoquée en 1723 dans une
chanson maçonnique imprimée à la fin des Constitutions d’Anderson, est
identique à la houppe dentelée et à ses lacs d’amour représentant la solidarité
et l’amour qui unissent chacun des Frères de la Chaîne.
Cette
Chaîne puissante de fraternité qui unissait les Compagnons bâtisseurs du Moyen
Age explique comment les monuments édifiés en Europe sont d’une grande
ressemblance. Beaucoup des constructeurs de cette époque avaient acquis leurs
connaissances à une même école celle de l’université de Cordoue où les
musulmans apportèrent leurs richesses culturelles dans des domaines aussi
variés que la littérature, la poésie, les sciences exactes et l’architecture.
Ils observaient les mêmes lois de l’architecture et de la géométrie. Ils
dirigeaient leurs travaux et leurs constructions d’après des principes et des
traditions ésotériques. Grâce à leur Chaîne d’Union fraternelle, les maçons
disséminés dans toute l’Europe étaient toujours en contact les uns avec les
autres. Ils transmettaient leur art et ces améliorations connues, de cette
manière ils étaient intégrés aux techniques de toute la corporation. Ce bel
exemple d’échanges des Francs-maçons opératifs du Moyen Age a permis la
construction des édifices que nous admirons. Ils se sont unis pour construire
une œuvre commune et leur pierre, comme la nôtre, va s’insérer dans une
construction : Le Temple Idéal de I’ Humanité.
Une
symbolique complexe et riche est rattachée à cette Chaîne d’Union qui regroupe
également: “Bordure dentelée”, “Corde à noeuds ou Houppe dentelée”. Je vous
fais part de ce que je comprends au sujet de ces découvertes.
La
bordure à houppes constituée de triangles alternativement blancs et noirs règne
sur les quatre faces du dallage. Dans la Maçonnerie ancienne on la disait faite
de fils enroulés, mais aujourd’hui c’est une bordure échancrée ou dentelée. Au
commencement du dix-huitième siècle, nous dit-on, les symboles de l’Ordre
étaient tracés à la craie sur le plancher et ce diagramme était alors encerclé
d’une corde onduleuse, ornée de houppes, d’où le nom "the
indented tassel", devenu par corruption "the tesselated
border". La traduction française est la houppe dentelée qui est
décrite comme une corde nouée en lacs d’amour, qui entoure le tableau de la Loge.
Le
rituel de la Maçonnerie en fait l’emblème de la muraille protectrice de
l’humanité, composée d’adeptes ou d’hommes qui dans les siècles et les
millénaires passés, se sont approchés de la perfection de l’évolution humaine.
Ils entourent l’humanité dans ce que certains appellent les mondes invisibles,
indéfinissables scientifiquement mais expliqués dans la plupart des
théosophies, pour préserver l’humanité de misères et de douleurs infiniment
plus grandes que celles dont elle souffre. Il existe une double interprétation
des quatre houppes qui se trouvent dans les angles de la bordure. Les
symbolistes y voient généralement la tempérance, le courage, la prudence et la
justice; on leur donne toujours un sens éthique.
La
bordure dentelée qui entoure tout le Tableau, sépare du monde profane l’espace
de la Loge, qui est sacré, tant que s’y poursuit le travail maçonnique.
La Corde à Noeuds ou Houppe Dentelée
Chez
les opératifs ou maçons du métier, on trouve l’utilisation de la chaîne
d’arpenteur ou de la corde nouée dès qu’il est question de tracer les plans
d’un édifice sacré. Dans les opérations d’arpentage, la mesure est prise au
moyen d’une corde nouée qui fournit des mesures en même temps que des rapports
de proportion.
Pythagore,
de mère phénicienne, (Samos, v. VIe siècle av. J.C.) fut le premier à en
établir la démonstration. Et cette découverte a paru si importante que 100
boeufs furent sacrifiés à
cette
occasion. Ce lien entre un fait géométrique, l’angle droit, et une relation de
mesure entre les côtés du triangle était déjà bien connu des anciens
Babyloniens, 2 000 ans av. J.C.
Le
triangle de Pythagore, associant les nombres successifs TROIS, QUATRE et CINQ
se trouve chargé d’une symbolique fondamentale. Il s’agit du seul triangle
rectangle où les côtés s’expriment par des nombres entiers. Sur les rives du
Nil, deux mille ans av. J.C., la légende raconte que les Egyptiens se servaient
d’une corde à treize noeuds donc de 12 unités pour tracer des angles droits.
Ainsi muni de cette bonne équerre, ils pouvaient reconstituer chaque année les
limites des champs rectangulaires que les crues du Nil avaient fait disparaître
en apportant le limon fertile. Les Egyptiens étaient de grands fabricants de
cordes auxquelles ils accordaient une grande valeur. Un rouleau de corde
soigneusement tressé fut l’un des trésors trouvés dans la tombe de
Toutankhamon.
Chaîne d’Union, Symbole de Fraternité
Lorsqu’on
apprend au récipiendaire qu’il vient d’être admis dans la Franc-maçonnerie, on
l’invite à entrer dans la Chaîne d’Union. Le nouveau Frère découvre
intuitivement dans cette cérémonie rituelle plus qu’un signe, il reçoit la
révélation d’un message de fraternité universelle transmise par ses Frères. La
fraternité implique selon moi les notions de partage, de loyauté, de fidélité
et d’amour entre les êtres humains, entre les membres d’une société en
particuliers la nôtre. La fraternité n’est pas forcément innée mais la
structure de la loge maçonnique est favorable à l’épanouissement fraternel et,
par conséquent propice aux développements des qualités, telles que la charité,
l’indulgence, la fidélité, la tolérance. Le Frère Apprenti studieux parviendra
à assimiler, à perfectionner ces valeurs en travaillant assidûment à la taille
de sa pierre brute. Pour y parvenir, il lui faut faire preuve d’abnégation,
abandonner ses convictions pour se mettre entièrement à l’écoute de l’autre et
se remettre constamment en question pour progresser, d’abord lui-même, pour le
rayonnement de sa Loge et de la Franc-maçonnerie.
Ce qui
précède m’instruit au sujet de la notion suivante : l’Apprenti doit tailler sa
pierre brute pour enlever les scories accumulées lors de sa vie profane. Sa
personnalité, son psychisme ainsi lavé pourra rayonner. C’est-à-dire émettre de
l’énergie à travers l’espace. Le Dr Gérard d’Encausse dit Papus (La Corogne,
Espagne v. 1865-1916) parle de courants fluidiques. D’après moi, l’esprit
serait connecté à un espace éthéré où tous les esprits seraient reliés entre
eux. Il en va de même pour la matière où le physicien cherche à mettre en une
même équation tout l’univers. On parle de la théorie des champs unifiés. Or en
Franc-maçonnerie nous pouvons créer cette unification de ces corpuscules
d’énergie autrement dit l’unification de l’énergie des Frères par le geste
rituel de la Chaîne d’Union. En effet, lors d’une tenue, une énergie, une
atmosphère déjà se dégage par l’orientation du Temple et la disposition des
Frères selon leur fonction, celle-ci s’accentuera lors de la Chaîne d’Union où
tous les Frères se donnent la main en formant idéalement un cercle symbole
d’unité. Il se dégage une puissante énergie. Cette énergie incalculable, mais
vécue, est pour moi l’Egrégore. Pierre Mabille (Reims, France v. 1904—1952) dit
à propos de l’égrégore "J'appelle égrégore le groupe humain doté
d’une personnalité différente de celle des individus qui la forment ".
Je
suis réservé sur la théorie qui dit que la Chaîne d’Union est fragilisée par le
maillon le plus faible. Elle serait vraie d’un point de vue mécanique, mais à comprendre
différemment d’un point de vue énergétique car les maillons, c’est-à-dire les
Frères transmettent leur énergie, un peu comme, en physique, les particules
dans un accélérateur. De même, chaque Frère apporte sa propre énergie en même
temps qu’il reçoit celle de ses Frères.
Le
thème de cette conclusion, ce trouve résumé en deux points avec leurs
interactions.
Le
premier est la force de la Chaîne d’Union.
Le deuxième
concerne les possibilités d’utiliser cette force, pour mon travail intérieur et
par extension, dans le monde profane.
Mes
mains et celles de mes Frères se serrent, nos êtres se fondent. Ce contact
énergétique crée une sorte de fluide qui se répand dans la Chaîne. C’est un
partage reçu par la main gauche et donné par la main droite qui permet de
transmettre l’énergie et par conséquent me renforce.
Ce
courant me réchauffe, me réconforte, m’apaise, à l’instar des mains qui
bénissent, bâtissent ou guérissent. Ce fluide qui circule, qui nous aspire vers
le haut, est l’Amour. Cet amour, cette immense compassion, qui vibre
universellement en chacun de nous, nous relie à tous nos Frères habitants sur
la surface de la terre mais aussi, ne l’oublions jamais, avec nos Frères qui
ont gagné l’Orient Eternel. Cet amour se densifie par cette fusion rituelle et
collective qui nous entraîne vers la Lumière.
La
Lumière révélée lors de mon Initiation n’est cependant pas acquise mais elle
m’éclaire sur le chemin, ô combien difficile, qui mène vers la connaissance, et
le geste rituel de la Chaîne d’Union me donne la force pour tailler ma pierre
brute.
Cette
énergie positive accumulée grâce à vous tous mes Frères et Soeurs, ne saurait
être seulement utilisée pour notre bien-être, mais elle doit également rayonner
dans le monde profane. Cette interaction entre le monde intérieur et le monde
extérieur est, il me semble, la condition sine qua non vers un monde
meilleur, peut-être parfait. L’utilisation de ces deux adjectifs n’est pas
hasardeuse, mais elle me permet en évitant d’être moralisant de travailler sans
relâche dans les buts de notre communauté empreinte d’amour fraternel.
Enfin,
nous sommes tous invités, mes honorables et dignes Frères et Sœurs, ou encore
plus, contraints à étendre notre Chaîne d’Union, à en faire une plus longue
dans l’ère de la mondialisation, dépassant les frontières géographiques, où
chacun d’entre nous a pour devoir d’extérioriser cette énergie positive et de
la répandre dans le monde profane qui risque de s’écrouler, pour qui nous
sacrifions tout, afin de sauver ce monde et le mettre sur les rails de la
perfection.
Chers
Sœurs et Frères, j’ai dit.
F :.T..
K
Frère
de la Loge « Haramoun » sous les hospices de la Grande Loge Bet-El.